29 avr. 2009

CHREM: LES SAMARITAINS

SURVIVANTS DES TEMPS BIBLIQUES:
LE PLUS PETIT GROUPE ETHNO-RELIGIEUX DU MONDE




Chabbat à la synagogue


Qui sont les Samaritains ?
Ces tenants d'un judaïsme antique ont traversé les siècles
en maintenant leur langue, une croyance et un rituel,
même si ils ont été influencés par un environnement islamique
ou des idées irano-babyloniennes et grecques.
Aujourd'hui une chose est sûre : les Samaritains intriguent.


Jérusalem. Building de l'Israël Governement Coins and Médals (Administration des médailles et Monnaies). Bureau directorial derrière lequel se tient un homme d'une soixantaine d'années, calvitie affirmée. Israël Tsedaka, Députy director, est aussi le premier des derniers Samaritains que je vais rencontrer. Je suis devant l'un des héritiers d'une ethnie et d'une religion vieille de trois mille ans.


Israël Tsedaka directeur de l'Office des monnaies

En fait les Samaritains ne sont des étrangers pour personne. Pour un chrétien, leur simple évocation remet en mémoire la Parabole du bon Samaritain ou bien la rencontre de Jésus de Nazareth avec la samaritaine au bord du puits de Jacob. C'est d'ailleurs de cet épisode du Nouveau testament que vient le nom du grand magasin de la Samaritaine, sur les bords de la Seine à Paris... Sa statue figurait au dessus d'une fontaine construite, par ordre d'Henri IV, sur le Pont Neuf (Le plus vieux pont de Paris) et destiné à alimenter en eau le Palais du Louvre.

Ces "clichés" trouvent leur source au sein de ce tout petit groupe humain qui au début du XX°siècle se réduisait à une centaine d'individus, vestiges d'un glorieux passé et d'une civilisation remarquable... Une longue histoire qui s'étend sur quatre mille ans et pour l'essentiel en un seul lieu: la ville de Naplouse-Schrem (qui selon les époques porta différents noms: Néapolis, Sichem, ... ) et du Mont Guerizim qui la domine.
C'est là au sommet de cette montagne, selon la croyance samaritaine, qu'Abraham voulut offrir son fils Isaac en sacrifice et qu'il construisit le premier temple. Plus tard, au sortir d'Égypte, sous la direction de Josué, successeur de Moïse, le peuple hébreu fit son entrée en Pays de Canaan, par Sichem pour conquérir et se partager un territoire qui deviendra sous domination romaine la Palestine, puis Israël.
Le Cohen haGadol, Le grand prêtre

UN AUTRE JUDAISME
Au commencement, le sort des Samaritains est lié à celui des enfants d'Israël, coreligionnaires certes divergents, mais auxquels on tend toutefois la main.
On les distingua plus nettement lorsqu'en 721 avant l'ère chrétienne, la Samarie fut conquise par les Assyriens, qui déportèrent une partie de la population pour la remplacer par des colons babyloniens et araméens qui se mixèrent à la population restée sur place.
En 109 avant le début de l'ère chrétienne, les différences s'affirment, séparant les deux communautés.
Un schisme définitif dresse juifs contre Samaritains après qu'en 128, le roi Hasmonéen Hyrcam eut détruit leur temple du Mont Guerizim.
Dorénavant chaque groupe tient l'autre pour "hérétique". Les Samaritains se cantonnent au Pentateuque, à l'exclusion de tout autre livre, sinon celui de Josué. De même, ils réfutent le judaïsme rabbinique.
Les dix neuf siècles suivants ont été vécus au rythme des invasions, des oppressions, des massacres plus ou moins importants qui se succédèrent en Samarie.
Le XIX° siècle faillit voir la fin des Samaritains. En 1842, une guerre sainte qui les oppose aux Ulémas, manque de leur être fatale. Ils ne doivent leur sauvegarde qu'au Grand rabbin séfarade de Jérusalem, Haïm Abraham Gagin, qui jure solennellement qu'ils sont des enfants d'Israël, issus du peuple du Livre...
Dans les années 1900 et suivantes, leur situation est bien triste. Le plus petit peuple de la terre est réduit à une centaine d'individus répartis en deux communautés: celle de Holon, fondée en 1894 par Avraham Tsedaka, et celle qui s'est maintenue à Naplouse (Chrem).
La période turque reste marquée par une cruelle alternative: la conversion ou la mort. La pression musulmane est permanente. C'est à cette période que remonte leur habitude de ne plus construire, pour Souccoth, des cabanes extérieures à la maison, mais de suspendre au plafond de la pièce commune une structure habilement décorée de fruits.

LES RETROUVAILLES DE LA GUERRE DES SIX JOURS

Avec la création d'Israël, en 1948, l'annexion de la Judée-Samarie, en 1950, par le roi de Jordanie, vient pour les Samaritains de Naplouse, la période jordanienne marquée par une scission contrainte et forcée entre les deux communautés dont les relations vont se réduire. Chacune connaîtra une évolution propre. La majorité des Samaritains va vivre dix neuf ans sous la domination des monarques jordaniens, Abdallah I° puis de son petit-fils Hussein I° qui les aident et les protègent... payant leur prêtres, les Cohanim.
Une fois l'an, la communauté de Holon - sauf les Samaritains ayant accompli leurs obligations militaires sous l'uniforme de Tsahal - peuvent se rendre en autobus à Naplouse pour célébrer la Pâque dont le rituel se déroule au sommet du mont Guerizim
Chabbat à la synagogue


1967: LA RÉUNIFICATION

Le retour des forces israéliennes en Judée-Samarie en 1967 est un moment crucial et d'intense émotion pour les Samaritains. Désormais, des relations libres entre les deux communautés sont possibles ainsi que la venue d'un Cohen à Holon (en banlieue de Tel-Aviv), qui en était privé depuis 1948 !
Les Samaritains de Naplouse devenaient citoyens de plein droit de l'État d'Israël. Ce n'était pas, malgré tout, sans discussions et réticences au sein du gouvernement. Si la législation civile israélienne les reconnaît comme juifs, en revanche, le rabbinat orthodoxe, les religieux des mouvement du Schass et de Agudat Israël les récusent. Pour parodier Bernard Chouraqui auteur de "Qui est goy?"... "Qui est juif?" Depuis quelques millénaires, la question n'a pas trouvé de réponse définitive...
Ces controverses ne touchent qu'un pourcentage très limité d'israéliens. L'écrasante majorité vit, travaille avec eux dans une parfaite entente et un respect mutuel, même si des différences fondamentales existent entre eux. La qualité samaritaine par exemple se transmet par les hommes et non par les femmes. Le Chabbat est respecté à la lettre du texte: tout feu est éteint le vendredi soir, la Thermos n'a pas cours pour maintenir le café au chaud !
Cette journée de repos, sous l'autorité du chef de famille est consacrée, à domicile, dès le lever du soleil, à la prière, à l'étude.
En fin de matinée, de chaque maison sortent les hommes habillés d'une djellaba de coton blanc. Ils se rendent à la synagogue. Avant d'y pénétrer, selon un rituel repris depuis par les musulmans, ils convient de se déchausser et de se laver pieds et mains. Assis à même le sol sur d'épais tapis, appuyés sur des accoudoirs, en hiver engoncés dans une gandoura de laine, chacun trouve sa place pour participer à l'office au cours duquel un Cohen (obligatoirement) dirigera la lecture du Pentateuque entrecoupée de psalmodies au sonorités très islamiques. Un autre rapprochement ne peut manquer d'être fait avec les musulmans, c'est celui de l'attitude de prosternation, abaissant le front jusqu'au sol lors de la prière. Bien avant eux et jusqu'à ce jour, les Samaritains ont la même position, chargée du même symbolisme d'humilité lorsque le prêtre sort le rouleau de la torah.

LE NOUVEAU SAMARITAIN
Si les moeurs, la pratique religieuse ont peu évolué, la vie quotidienne, en revanche, depuis 1967, a sensiblement été modifiée, de façon différente d'ailleurs pour l'un et l'autre groupe.
La communauté de Naplouse, bénéficiant de prêts particuliers a, pour la plus grande partie, quitté cette ville pour s'installer au bout d'une roue sinueuse, à proximité au sommet du Mont Guerizim dans un lotissement de maisons individuelles.
Ils ont malgré tout conservé leurs anciennes maisons dans la ville basse qui servent au moins une fois l'an pour abriter les "cousins" de Holon pour la célébration de la Pâque.
Les Samaritains de Holon, quant à eux, sans renier un atome de ce qu'ils sont, vivent de façon totalement intégrée à la société israélienne dans laquelle il est impossible de les distinguer. Igal, vingt huit ans, jeans et blouson de cuir, au clavier d'un ordinateur au service des réservations de El Al, rejoindra ce soir sa famille pour dîner sous une gravure du Mont Guerizim vers lequel se tournent toutes les prières des Samaritains...
Richard ZÉBOULON
L'écriture samaritaine

Selon leurs sources, les samaritains affirment avoir été jusqu'à 1 million 200 000 individus à leur apogée. Réduits , au début de ce siècle, à une centaine de membres après persécutions, leur nombre augmente de nouveau: 414 en 1969, ils sont aujourd'hui près de 800.
Compte tenu du déclin de natalité de leur groupe, dans les années 70, les Cohanim ont assoupli les règles du mariage. Il en allait de la survie des Samaritains. Un homme dorénavant peut se marier en dehors de la communauté, à condition que son épouse se convertisse, ce qui n'arrive pas souvent. La femme n'a pas cette possibilité et doit nécessairement épouser un Samaritain, en général choisi dès la naissance, malgré les risques de consanguinité dans un groupe aussi réduit. 10% des enfants souffrent de déficiences physiques ou mentales.
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La Pâque chez les Samaritains.
Elle se déroule à date fixe au quatorzième jour du premier mois de leur calendrier luni-solaire.
Tous les Samaritains, sans exception, se réunissent pour le sacrifice de l'agneau, un par famille, tout comme aux temps bibliques, en respectant scrupuleusement les prescriptions de Livre de l'Exode, la loi de Moïse.
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Ce plus petit peuple de la terre se targue de la plus longue lignée généalogique connue: 5000 ans ! Leur grand prêtre, le Cohen ah gadol, descendrait en ligne directe de Aaron.
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Le plus vieux sepher torah du monde






Naplouse/Schrem